Strophes pour tes vingt ans

Strophes pour tes vingt ans
A Léonie, le 29 août 2022, plus cinq jours…

Pendant qu’un chat miaule gravement dans le premier matin, pendant qu’une chanson parle du départ de l’enfant, de la fille avec son amour de femme, pendant que la nuit elle-même nous prend comme jouets, chiffons du temps qui passe, j’écris ces quelques mots à te donner.


J’ai en tête ce matin d’il y a vingt ans. Je suis venu par le couloir des pères, couvert de la tête aux pieds de tissus nécessaires et ridicules. Le rendez-vous était fixé à l’avance par trois tours de cordon ombilical autour de ton cou ; ça, nous l’avons compris sur l’instant. A la question du médecin me sollicitant pour couper le sacré cordon, je répondis qu’il le ferait bien mieux que moi. Le lendemain, je déclarais ta naissance au bureau de l’état-civil : Léonie, Sacha, Pétronille Bastide née le 29 août 2002 à la maternité de Carpentras.


Tu marchas pour le Noël suivant, cadeau à la famille entière. Tu mangeais souvent assise sur moi, sous mon menton. Et tu parlas, criant joueuse : «On a faim ! On a faim !»…
Tu grandissais à peine qu’on te fit un mauvais coup ; tu rejoins la grande troupe des enfants de parents séparés… je rejoins la grande troupe des parents égarés.
Tu eus tout en deux, ou presque ; on ne saura jamais, ce que cela veut dire, comment cela se vit ; j’espère, pas trop mal.


Et les années passèrent, l’école, deux fois avec ton père, le collège, le lycée, l’université aujourd’hui. Pendant douze ans, tu as dansé, peut-être cela reviendra-t-il, une façon d’habiter un de tes deux foyers, là où la danse était désormais une passion commune, passion qu’Elena nous a donnés à tous en partage. Mais surtout, tu devenais femme ; il m’a fallu au fil des ans apprendre à être un autre père.


Oui, je suis fier de toi, fier de ta curiosité, de ton élégance, des proximités et des différences qui nous unissent, fier d’être ton père. Tu as vingt ans ; hier sera toujours là et je regarde demain.



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